Bienvenue en dehors du schéma bancaire classique
C'est la data dimension des alternatives lendings. Remettons un peu de contexte vis-à-vis de la montée en puissance des prêts alternatifs comme le BNPL ou le RBF que propose Silvr : les emprunteurs professionnels sont mal servis par les banques et cherchent des prêteurs en recherche de rendements attractifs.
BNPL, RBF : ces acronymes qu’on voit partout produisent chez vous plus de confusion mentale qu’autre chose ? Ils font pourtant partie de ce qu’on regroupe sous le concept d’alternative lending, ou prêt alternatif. Par ce terme, on désigne tous les financements octroyés en dehors du schéma bancaire classique.
Apparus avec Internet au milieu des années 2000, ces nouveaux types de prêts fonctionnent grâce à des plateformes en ligne qui se servent de la technologie pour matcher des populations d’emprunteurs traditionnellement mal servies par les banques avec des prêteurs à la recherche de rendements attractifs.
Pour comprendre l’intérêt de ce type de prêts, nous sommes allés interroger SLAM, un asset manager spécialiste du prêt alternatif digital. Depuis 2014, l’entreprise permet aux investisseurs institutionnels et aux gestionnaires de patrimoine européens d’accéder à cette nouvelle classe d’actifs, en Europe et aux États-Unis. Dans quel cadre les prêts alternatifs à destination des entreprises ont-ils émergé, et en quoi le Revenue-Based Financing s’inscrit-il dans la droite ligne de l’alternative lending ?
C’est un fait : il existe un trou dans la raquette au niveau du financement des entreprises par les banques. Selon l’Asset Manager SLAM, 20 % des succursales de banques ont fermé en Europe depuis la crise financière de 2008 — une tendance qui ne cesse de s’accentuer. En deçà de 500 000 euros, le prêt aux entreprises est difficilement rentable pour les banques, à cause de la réglementation et du formalisme réglementaire d’une part, du niveau élevé des coûts fixes et de la faiblesse des marges d’autre part. Pour SLAM, le prêt aux PME s’apparente ainsi à un espace « débancarisé » : face à la réglementation bancaire (Bâle III), le coût en capital ou encore la difficulté des banques à refinancer les prêts auprès des Banques Centrales, les banques traditionnelles préfèrent délaisser ce type de financements.
Il en résulte un problème dans l’offre de financements à destination des entreprises. Pour preuve, d’après la Fédération Bancaire Française, seuls 31 % des 3,5 millions de TPE-PME françaises ont reçu des crédits bancaires en 2020. Parmi celles qui parviennent à en recevoir, seulement 79 % ont pu obtenir l’intégralité des financements qu’elles avaient demandés. Même constat au niveau européen : sur les 35 % des TPE-PME européennes qui ont demandé un crédit bancaire, seulement 80 % d’entre elles ont obtenu l’intégralité de ce crédit. (Source : Survey on the Access to Finance of Enterprises, European Central Bank, 2020)
Face à cette insuffisance dans l’offre de financement, qui laisse un cinquième des petites et moyennes entreprises sans schéma de financement satisfaisant, des acteurs ont commencé à voir le jour aux États-Unis d’abord. Ils viennent proposer de nouvelles solutions de financement, plus souples et plus adaptées aux besoins des petites entreprises notamment. Le point commun à toutes ces solutions, c’est qu’elles reposent sur une plateforme en ligne, sur laquelle les emprunteurs soumettent leur candidature. Il leur est demandé un certain nombre d’informations, récupérées notamment via la connexion à des API, comme l’illustre le schéma suivant.
On estime que les premiers modèles de plateformes de prêts alternatifs ont vu le jour en 2005 au UK et en 2006 aux États-Unis, sous la forme de prêts digitaux en peer-to-peer (Source : Morgan Stanley). Avec la crise financière de 2008, ces nouveaux types de prêts se sont rapidement répandus, en particulier auprès des consommateurs et des TPE-PME — délaissées comme on l’a vu par les banques traditionnelles.
Le modèle est progressivement passé du prêt en peer-to-peer au prêt soutenu par des investisseurs institutionnels tels que les hedge funds. En 2014, les premières plateformes américaines de prêts alternatifs entrent en bourse. En 2021, Morgan Stanley Research estimait le montant de prêts backés par des investisseurs institutionnels à 15,3 milliards de dollars sur tout le secteur du prêt alternatif.
L’exemple peut-être le plus emblématique de la percée des plateformes de prêts alternatifs B2B est Biz2Credit aux États-Unis. Lancée en 2007 par deux frères, l’entreprise se contentait à l’origine de mettre en relation des emprunteurs avec des sources de financement. Depuis 2013, Biz2Credit propose directement à ses clients ses propres offres de financements. À l’heure actuelle, elle revendique avoir accompagné 225 000 petites et moyennes entreprises depuis sa création, pour un montant total de prêts équivalent à 7 milliards de dollars. Biz2Credit a pavé la voie à une multitude d’autres acteurs et de business modèles, aux États-Unis comme en Europe. Clearco et Ramp en sont d’excellents héritiers, pour n’en citer que quelques-uns.
Parmi les solutions de prêts alternatifs à destination des entreprises figurent l’affacturage, le financement du crédit impôt recherche ou encore le Revenue-Based Financing (RBF). Basé sur les revenus futurs de l’entreprise, ce mode de financement rapide est octroyé grâce à une analyse des données de cette dernière. Il s’adresse en particulier aux entreprises digitales à revenus récurrents et qui se répètent.
L’une des caractéristiques phares du RBF est le fait qu’il permet de mobiliser rapidement des fonds (en 24 à 48 heures avec Silvr) — un avantage de taille pour les entrepreneurs désireux de trouver des financements pour alimenter leur croissance. Le Revenue-Based Financing est également très prisé de certains asset managers, notamment pour sa faible volatilité et sa temporalité courte. En effet, la durée d’un prêt s’étend généralement sur une période courte — de 6 à 12 mois en principe.
Or, comme nous l’explique Erich Bonnet, co-fondateur et associé chez SLAM, dans un contexte de marché du crédit stressé, dans lequel on a du mal à évaluer le risque, il va être plus facile d’évaluer du risque à maturité courte qu’à maturité longue. En prêtant des capitaux à un acteur comme Silvr, SLAM permet à des acteurs institutionnels de déployer du capital à destination de PME auxquelles ils n’auraient pas accès sinon.
Pour toutes ces raisons, le Revenue-Based Financing, dernier rejeton de l’alternative lending, fait fureur en Europe. Il offre la possibilité d’accéder rapidement à une source de financement modulable, sur la base des données de croissance de l’entreprise. De par sa rapidité d’attribution et sa compréhension de la santé financière des entreprises, le RBF apparaît comme une option de financement cruciale pour les entrepreneurs. Et ce d’autant plus dans un contexte de ralentissement économique et de forte inflation comme celui que nous connaissons actuellement.
Publié en
10/2022